dimanche 2 septembre 2012

LA FRANCE VEUT INSTALLER UNE BASE MILITAIRE EN LIBYE

 Depuis un an, l'information de l'installation d'une base militaire occidentale dans ce pays d'Afrique du Nord, est diffusée sciemment et à répétition. Et à force de répéter les choses, on finit par les admettre, aussi contraignantes soient-elles. Parce qu'ils sont arrivés sur les chars de l'Otan, donc redevables, les nouveaux dirigeants libyens se sont laissé convaincre par cette éventualité d'installer une base militaire sur leur sol sans même se soucier de la réaction des populations et des voisins immédiats dont l'Algérie avec laquelle leur pays partage près d'un millier de kilomètres de frontières. Les annonces se multiplient et se télescopent laissant prédire le vrombissement des réacteurs à nos frontières Sud. Dans son édition d'hier, le confrère arabophone Ennahar a rapporté que des experts français sont actuellement en Libye et étudient la possibilité de création d'une base militaire française dans ce pays. Cette base serait construite, selon la même source, aux environs de Syrte et de Rass Lahnout, deux régions très riches en hydrocarbures. La délégation française est arrivée le 27 août dernier en Libye. 

Réagissant à cette information, un haut responsable de l'armée libyenne a soutenu que la mission française se limite à une formation militaire et une contribution à assainir la situation d'après-guerre. A l'origine c'était l'Otan qui voulait élire en Libye une place pour une partie de son arsenal militaire. Le 27 janvier dernier, le journal one line français Mediapart, reprenant la télévision «Russia Al Youm», a rapporté que l'Otan compte créer cette base militaire à Benghazi ou à Tripoli. La même source précise que cette demande a été formulée par les Américains. La doctrine militaire du Pentagone basée sur le principe de la longue guerre, ne s'encombrera pas de détails quand il s'agit de chercher du pétrole. Quelques jours après cette annonce faite au sujet de l'Otan, les médias ont fait état de l'installation d'une base militaire israélienne. L'information a été diffusée par la chaîne de télévision officielle libyenne Al Jamahiriya et publiée par le journal israélien Yediot Aharonot. Les deux médias ont cité un document ultraconfidentiel rapportant la signature d'un accord conclu entre le Conseil national transitoire (CNT) libyen et Israël pour l'installation d'une base militaire dans le Djebel Akhdar (Mont Vert), près de la frontière algérienne. 

Etant un pays frontalier et voisin, l'Algérie est le premier pays à être inquiété par un éventuel aboutissement de ces projets de base militaire. Car les experts militaires dont notamment des Suédois, ont suggéré que la première mission de cette base est de protéger la Libye contre d'éventuelles agressions étrangères. Mais quelles menaces étrangères représente l'Algérie pour la Libye? En fait, le cours du projet consiste à créer une situation de tension perpétuelle dans la région et entretenir une division interne au coeur de la société libyenne. D'abord, pour la tension régionale avec le voisin algérien, celle-ci sera nourrie par cette menace frontalière omniprésente par une armée occidentale. Une présence qui irrite au plus haut point l'Algérie qui fait de la souveraineté nationale des pays, un principe immuable. Quant à la division interne, elle sera entretenue par la création d'une rivalité entre les pour et les contre, la présence militaire étrangère sur le sol libyen. Pour une partie des Libyens, l'existence de toute base militaire sur leur territoire sera synonyme de faiblesse et d'un manque de souveraineté. De la sorte, on aboutira à la création de deux parties en Libye: une première qui sera ultra protégée, celle où existent les champs et les sites pétroliers, la Libye utile. L'autre partie, le reste du pays sera livrée à l'instabilité, aux attaques terroristes, de groupes rebelles et aux explosions. La Libye sera alors la copie conforme de l'Irak. Aujourd'hui, Baghdad croule sous les bombes et les explosions alors que Kirkouk, le nord du pays riche en pétrole, fleurit dans une totale sécurité. Ainsi va le monde. 

L'ENJEU DU SAHEL ET LES VISÉES DE LA FRANCE 

L'Algérie dans l'oeil du cyclone 

Que vise la France par son projet de construction d'une base militaire en territoire libyen? 

Comment peut-on décrire la situation qui prévaut actuellement dans le nord de l'Afrique, notamment en Libye et au Mali? Quel est le dessein de la France à travers son projet visant la construction d'une base militaire en 
territoire libyen? La France envisage-t-elle le même projet au Mali? La déstabilisation socio-économique et politico-sécuritaire dans ces deux pays et la campagne de désinformation orchestrée par les médias occidentaux semblent constituer les outils qui permettront, à ne pas en douter, à l'Elysée d'avoir un pied en Afrique. Ces visées ne sont plus à vérifier selon des stratèges bien avertis, qui confient que la France est dans un rôle à double jeu dans la région du Sahel en particulier! La situation très complexe à nos frontières, qui donnera naissance à de nouvelles donnes sécuritaires, obligera l'Algérie à revoir son plan géostratégique et son dispositif pour préserver son territoire de toute éventuelle menace. La présente concordance «créée» dans la région n'est autre qu'une nouvelle forme d'impérialisme, la preuve étant la construction d'une base militaire française en Libye sous prétexte de cuirasser les champs pétroliers de Syrte en allant vers Ras Lanouf. 

Usant de l'intoxication médiatique devenue une arme plus redoutable qu'une bombe, la France, qui prétend défendre les valeurs démocratiques universelles, vise, estiment nos interlocuteurs, à recoloniser les pays qu'elle a anciennement occupés, ce qui dévoile sa politique du deux poids, deux mesures. L'Algérie est bien consciente des cyniques objectifs laissés par Nicolas Sarkozy et hérités par François Hollande. D'ailleurs, Alger et Paris si d'apparence semblent s'entendre, dans les coulisses, le dossier du Mali révèle de sérieuses divergences, notamment en ce qui concerne une intervention étrangère, que l'Algérie refuse globalement et dans le détail. Une position évidente pour le Conseil de sécurité de l'ONU qui doute de la nécessité d'une intervention militaire au Mali, ce qui ne plaît pas aux acteurs de l'Elysée qui ne lâchent pas prise et continuent d'exercer une pression pour décrocher l'aval de l'ONU sous le fallacieux prétexte de ramener la sécurité. 

C'est la Cédéao qui est appelée à exécuter l'ordre colonial français. Pour ses propres intérêts, la France tente actuellement de mettre à son profit la situation au Mali et ne manquera certainement pas, sous prétexte de réorganiser l'armée malienne, d'exiger l'installation d'une base militaire. Dans un entretien diffusé par le site «Algérienetwork», le Dr Ley-Ngardigal Djimadoum, secrétaire général de l'Action tchadienne pour l'unité et le socialisme et d'African Libyan Action Committees, le 6 août dernier, soulignait à ce propos: «Le Mali affaibli militairement, non seulement verrait se renforcer l'influence occidentale mais l'impérialisme français récupérerait puis atomiserait l'esprit patriotique qui a conduit à la création du Cndre. Sous prétexte de réorganiser l'armée malienne et l'aider à combattre les groupes rebelles au nord du pays, la France exigerait en retour l'installation d'une base militaire.» Et d'ajouter: «Au demeurant, rappelons que l'Hexagone a toujours souhaité installer une base à Mopti. Cependant, le régime socialiste de Modibo Keita s'y était opposé.» Dans ses déclarations, le Dr Ley-Ngardigal Djimadoum ira jusqu'à avertir sur le célèbre plan d'Alain Peyrefitte portant création d'un Etat pour les Touareg, qui comprend le nord du Niger et du Mali, le sud de l'Algérie, le sud et l'ouest de la Libye. 
A ce sujet, il soutient que «le Sahara a toujours été l'une des préoccupations majeures de l'impérialisme français suite à la guerre de Libération nationale. L'intérêt de la France pour cette région africaine est d'autant plus aigu avec la montée en puissance de la Chine dans le domaine économique sur le continent. 
Cette ´´intrusion´´ chinoise dans le pré carré a affaibli considérablement la suprématie impériale de la France. Son sursaut impérialiste se traduit par un activisme guerrier dans cette région africaine (Libye, Mali, Tchad, Niger, Mauritanie). La France s'attellerait à concrétiser son vieux projet de 1957 de créer l'Organisation commune des régions sahariennes (Ocrs). Cette structure consistait à rassembler les régions sahariennes d'Algérie, du Mali, de Mauritanie, du Niger et du Tchad dans un ensemble unique sous contrôle de l'ancienne puissance coloniale. Les troubles qui affectent cette région ces dernières années, comme par exemple dans le Nord-Mali frontalier avec le Sahara algérien, impliqueraient la France». 
Pis encore, selon lui «les guerres de l'ombre ou secrètes que mènent les services secrets occidentaux pour recoloniser l'Afrique sont une réalité. 

En Libye, comme en Côte d'Ivoire, les agents de la Dgse étaient en action. Il en est de même pour le Mali aujourd'hui». Ce qui signifie en d'autres termes, que l'Algérie est dans le point de mire de la France, néanmoins l'interlocuteur a qualifié l'Algérie de pays «incontestablement puissant et important. L'Algérie est aussi indépendante, insoumise depuis la victoire du FLN en 1962 sur l'impérialisme français. Elle empêche de facto la réalisation du projet de 1957 d'Alain Peyrefitte de la création d'un Etat saharien touareg, le contrôle de la bande saharo-sahélienne (riche en ressources minières stratégiques) par les puissances occidentales». 

Une nouvelle déstabilisation de l'Algérie ne profiterait donc qu'à l'Hexagone, cependant, les Etats-Unis d'Amérique, qui partagent de gros intérêts avec l'Algérie, laisseront-ils l'Elysée s'incruster et s'installer dans une région aussi importante? Une question qui mérite une réponse en dollars! 

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